L’habitat subaquatique

ocLe but de tout plongeur passionné est de demeurer le plus longtemps possible sous l’eau. En quarante ans, technologie et connaissance de la plongée ont fortement évolué. Depuis la simple cloche jusqu’à l’habitat subaquatique, parcourons cette fabuleuse histoire qui nous mène aux portes d’une nouvelle colonisation.

Prouesses scientifiques

3 procédés différents

On observe, grosso modo, trois types d’habitat subaquatique :

  1. Ceux qui fonctionnent sur le principe de la cloche : ils permettent d’accéder à la mer par une ouverture directe.
  2. Ceux qui sont hermétiques et pressurisés comme des caissons hyperbares et permettent à des plongeurs de vivre en profondeur. Il faut passer par un sas étanche pour accéder à la mer.
  3. Ceux qui sont directement reliés à la surface. Certaines structures, flottantes ou reliées à la terre, s’enfoncent sous la mer, permettant ainsi une vision sous-marine au grand public. Pour des raisons évidentes ce dernier cas de figure sera le plus courant.

L’habitat subaquatique, une histoire de cloche

Le premier moyen qui vient à l’esprit est celui de la cloche : si l’on immerge un verre retourné bien droit, il garde une poche d’air sous pression, procurant ainsi un abri potentiel.

C’est sur ce principe que se sont construits les premiers habitats sous-marins tels que le projet Diogène de Cousteau et Alinat : en 1962, deux plongeurs vivent une semaine par moins dix mètres dans ces cylindres directement ouverts sur la mer. L’idée séduit : d’autres « maisons » sont ainsi construites en divers points du globe et le succès de ces habitats amène Cousteau à développer son projet en 1963 pour installer une véritable petite colonie en Mer Rouge : Précontinent II, composé d’une grande maison en forme d’étoile de mer, d’un hangar, un aquarium, un garage pour la soucoupe plongeante pilotée par Falco « L’Homme triton ». Derrière les baies vitrées, on voit les océanautes bavarder, jouer aux échecs ou écouter de la musique en contemplant le monde sous-marin. Ils ont même emmené avec eux Claude, leur perroquet, qui doit être le premier oiseau à avoir vécu un mois par dix mètres de fond !

Précontinent II Cousteau

Au cours des années 1960-1970, des habitats sous-marins divers et variés vont voir le jour : Sealab (Bermudes, USA), Opération Spid (Bahamas, USA), Précontinent III (Cap-Ferrat, France), Glaucus (Bournemouth, Grande-Bretagne), Chernomor (URSS), Meduza (Pologne), Hydrolab (Floride, USA), Tektite (Îles Vierges, USA), Aegir (Hawaii, USA), La Chalupa (Porto Rico, USA), Helgoland (Baltique, Allemagne), Neritica (Mer Rouge, Israël), Robinsud (Ustica, Italie), Galathée (Le Frioul, France), etc.

Les débuts de l’habitat subaquatique

L’hôtellerie sous-marine

L’idée d’un hôtel sous-marin apparaît dès 1964, sur le stand de la General Motors, lors de l’exposition mondiale de New York. C’est Jules’ Habitat, en référence au visionnaire Jules Verne, un petit hôtel sous-marin pour quatre couples, immergé à 9 mètres dans les « Keys » en Floride ; prix de la nuit : 200 $. Mariages, lunes de miel, artistes, plongeurs, curieux, le succès de ces séjours originaux a été grandissant et l’on ne compte plus, aujourd’hui, les projets d’hôtels ou de condominiums en milieu marin, immergés ou semi-immergés.

Ce premier hôtel quelque peu rustique existe toujours, il a été converti en laboratoire de recherche à Key Largo, il s’appelle Jules’ Underwater lodge et n’est qu’un modeste abri pour les plongeurs avec deux petites chambres et un living.

On est loin du luxe extraordinaire prévu pour le premier hôtel subaquatique du monde à Dubaï. Ce projet ambitieux en cours de construction devrait voir le jour d’ici peu sous l’impulsion de l’architecte allemand Joachim Hauser, qui y voit le premier d’une longue lignée. Hydropolis, projet de 550 millions de dollars, offre 220 suites luxueuses sous la mer, boutiques, restaurants, avec auditorium et salle de bal sous des dômes transparents par 20 mètres de fond. On y accède par un tunnel depuis la rive.

Les restaurants sous-marins

Cette tendance à coloniser la mer avec le tourisme d’élite est démontrée par l’existence de restaurants subaquatiques tels que Ithaa ou le Red Sea Star ou encore les superbes spas et centres de remise en forme sous-marins de Huvafen Fushi aux Maldives. À l’autre extrême, certains bricolent de charmantes petites chambres d’hôte sous-marines, comme le fameux Utter Inn, offrant un ingénieux logement flottant à 6 m sous la surface d’un lac suédois.

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La colonisation océanique

Modules, plateformes, villes

La notion d’habitat subaquatique fait elle aussi son chemin. Les très sérieux constructeurs de sous-marins U.S. Submarines proposent toutes sortes d’habitats (chambres, résidences) fonctionnels, tandis que des designers réfléchissent à ce nouvel environnement, comme Garie Sim imaginant le design d’appartements subaquatiques très « cosy » qui doivent voir le jour dès 2030.

L’architecte italien Giancarlo Zema a, quant à lui, imaginé et dessiné trois types d’habitats : le Jelly Fish 45, demeure flottante genre soucoupe à étages pour 6 personnes, avec la coque immergée offrant une vision sous-marine. Le Trilobis 65 est une soucoupe semi-immergée pour 6 personnes, avec bulbe d’observation sous-marine à moins trois mètres. Il peut servir de module à la création d’un lagon ou d’une île artificielle, lorsque plusieurs modèles s’assemblent pour former un cercle. Le tout étant bien sûr autonome au niveau énergie et sans impact écologique négatif. Neptus 60 est composé de trois plateformes, la plus haute située à 20 m de haut et la plus basse étant un globe d’observation sous-marin entièrement immergé. Le tout est adossé à une falaise.

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La surpopulation pousse vers une nouvelle colonisation

Mais au-delà des palaces sous-marins, une autre tendance consiste à vouloir trouver en mer un nouvel espace vital, quand ce n’est pas un Eldorado immobilier permettant de construire des habitats individuels, des résidences, des villes marines, aquatiques et partiellement sous-marines. Des plans futuristes sont dessinés, des villes flottantes, semi-immergées, sont imaginées par des rêveurs ou des visionnaires tels Jacques Rougerie en France, ou Jacques Fresco et Roxanne Meadows aux États-Unis, avec leurs spectaculaires « Villes dans la mer » comprenant des Universités océanographiques, des fermes marines, des chantiers d’exploitation minière, etc. Ils pensent pouvoir y faire vivre des millions d’habitants, en utilisant les ressources de l’océan sans nuire à son écologie.

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Une île flottante en dessert !

Jean-Philippe Zoppini, a lui aussi dessiné des villes sur l’eau, OceanopolisFontvielle II, mais il s’est mis en tête de construire une île flottante pour milliardaires, une cité itinérante posée sur une coque géante, capable de se déplacer avec son port intérieur et ses plages privées. L’île, Ocean Island, décrétée faisable par les chantiers Alstom, ne coûterait « que » trois fois le prix du paquebot Queen Mary… Longue de 400 m, elle abriterait 10 000 occupants. Zoppini espère finaliser ce projet de deux milliards d’euros. Il ne fait donc aucun doute que nous nous trouvons au grand tournant. Les habitats sous-marins sont déjà une réalité. Aujourd’hui nous les regardons avec une curiosité amusée de touristes, demain ils feront peut-être partie de notre réalité.

(Source : 123 Océan)

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viaL’habitat subaquatique.

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Publié 30 septembre 2013 par Sylv1 dans documents et articles divers, océanographie

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