Article source:sciences-fictions-histoires.com
Au milieu du XXe siècle, dans les années 60, deux des plus puissants sous-marins nucléaires américains, l’USS Thresher et l’USS Scorpion, ont disparu dans les profondeurs noires et glaciales de l’Océan Atlantique; tous les deux dans des conditions mystérieuses, bien plus mystérieuses que la Marine américaine a bien voulu le dire…
Si leurs épaves ont bien été retrouvées par la suite, nulle trace des hommes d’équipage n’a pu être repérée. Les 129 hommes du Thresher et les 99 hommes du Scorpion se sont littéralement volatilisés…!
Où sont-ils passés? Que sont-ils devenus? Là est l’énigme
Rapports des commission d’enquêtes
Avant d’aller plus loin, voyons ce que nous disent les commissions d’enquête de la Marine américaine et quelles sont leurs conclusions « officielles » sur la disparition des ces deux submersibles. Dernier-né des sous-marins nucléaires américains, premier d’une nouvelle classe d’engins super silencieux capables de plonger plus profondément que les autres, le Thresher, inauguré et lancé à Portsmouth, était le nec plus ultra des sousmarins de l’époque. C’était un véritable « Requin-tueur » qui allait donner aux Etats-Unis un énorme avantage militaire face à leurs ennemis soviétiques. On était alors en pleine « Guerre froide » et ce sous-marin était une pièce majeure sur l’échiquier politique mondial sur lequel s’opposaient les USA et l’URSS. Il était équipé du premier système de contrôle de feu informatisé à bord d’un sous-marin et d’un sonar d’une incroyable portée. Il était doté de missiles inter sous-marins, ce qui était une nouveauté à l’époque.
Le Thresher prit la mer le 9 avril 1963 avec un équipage de 129 hommes. Le matin du 10 avril, à l’aube, le commandant donna l’ordre de plonger. Les ballasts furent remplis et le submersible s’enfonça dans les eaux profondes de l’Atlantique Nord près de Corsair Canyon au large de Boston. Il s’agissait alors de tester la résistance du bâtiment, et le commandant fit plonger son sous-marin le plus profond possible Le Thresher n’était pas seul, il était en communication radio avec l’USS Skylark, un navire équipé pour le sauvetage en mer, mais pas pour celui d’un sous-marin nucléaire en plongé. Ce bâtiment se trouvait sur la zone de manoeuvre du Thresher et pouvait lui porter secours, mais seulement si celui-ci faisait surface.
Tout se passait bien jusqu’à ce que, tout à coup, le commandant du Thresher envoie au Skylark, à 9 h 13 exactement, le message suivant: «Thresher annonce: faisons face à difficultés mineures. Angle ascendant positif. Tentons de chasser. Vous tiendrons informés.».
De toute évidence, le sous-marin avait quelques problèmes, des avaries de peu d’importance qui ne le mettaient pas en danger.
Prudent, le commandant jugea préférable de remonter et de rentrer à la base pour réparer. Il avait ordonné de chasser l’eau des ballasts pour alléger le bâtiment et le faire ainsi remonter en surface. Il n’y avait pas de quoi s’affoler, mais 3 minutes plus tard, un nouveau message arriva, brouillé, inintelligible, suivi d’un bourdonnement à basse fréquence puis… le silence…
A la surface on ne voyait absolument rien. L’équipage du Skylark avait beau scruter les flots à l’oeil nu comme aux jumelles, rien n’apparaissait, pas même une tache d’huile…
Les minutes passaient et l’angoisse finit par s’installer. Ce 10 avril 1963, le commandant du Skylark prit alors la décision d’informer le QG de la Marine que le Thresher ne répondait plus.
C’était la première fois au monde qu’un sous-marin nucléaire était porté disparu. Le coup était rude, c’était une véritable tragédie…!
On pensa tout de suite qu’il avait heurté un haut-fond et qu’il avait ainsi coulé, mais rien n’était sûr. Il fallait absolument trouver la cause du drame. Il fallait comprendre ce qui s’était passé. Les spécialistes de la Navy firent un véritable travail de détective qui dura des mois pendant lesquels les recherches en mer continuèrent inlassablement.
La Marine alla jusqu’à couler une voiture automobile pour voir comment elle descendrait dans les eaux profondes de l’Atlantique; cela, dans l’espoir de trouver un indice quelconque permettant de retrouver le Thresher.
Des caméras télécommandées et des sonars ratissèrent sans relâche les fonds sous-marins, et l’unique vaisseau de plongée profonde dont disposait alors la Marine américaine, le bathyscaphe Trieste, explora les profondeurs océaniques jusqu’à épuisement de son équipage.
Enfin, au bout de 6 longs mois, le Trieste découvrit ce qui subsistait du Thresher… Il avait implosé sous la pression hydraulique avec une telle force qu’il ne restait plus de lui que des bouts de ferrailles éparpillés sur le fond de l’océan.
Pendant ce temps, au cours de ces longs mois de recherche, une commission d’enquête de la Marine avait découvert des choses incroyables…
Le dossier de maintenance du bâtiment a révélé que 14 % des joints de la tuyauterie qui transportait de l’eau de mer sous haute pression sur toute sa longueur n’avaient été soumis à aucun test par ultra-sons. De même, des centaines d’autres joints avaient échappé à toute vérification, alors que sur d’autres sous-marins, des joints de ce type avaient connu des défaillances et causé de graves inondations. A la profondeur à laquelle se trouvait le Thresher, la rupture d’une grosse canalisation aurait fait entrer des dizaines de tonnes d’eau à la minute (!).
La dernière transmission radio du submersible a apporté des indices déterminants qui ont permis à la commission de reconstituer le scénario probable du drame que voici: la rupture d’une canalisation dans la salle des machines a inondé le compartiment et neutralisé suffisamment de fusibles pour forcer l’arrêt du réacteur nucléaire. Ne fonctionnant plus que sur ses accumulateurs, le submersible n’aurait pas eu assez de puissance pour atteindre la surface.
En dernier recours, l’équipage a dû envoyer de l’air comprimé dans les ballasts pour chasser l’eau et retrouver de la flottabilité, mais le système de ballasts était d’un modèle ancien conçu pour des sous-marins ne descendant pas à une telle profondeur; leur puissance était trop faible pour cela.
Le bâtiment n’aurait donc pas pu s’alléger suffisamment. Il prenait l’eau et devenait de plus en plus lourd. Il n’aurait donc fait que se redresser tandis qu’il descendait vers le fond inexorablement…
A 450 m de profondeur, la coque du Thresher ne pouvant plus résister à l’écrasante pression qu’elle subissait, explosa comme une bombe !
Des fragments de métal tordu, c’est tout ce qui restait du Thresher, le plus extraordinaire sous-marin de l’époque…!
L’épave éclatée en mille morceaux du submersible a été explorée et filmée dans les années 80 par Bob Ballard, un océanographe, au cours d’une expédition secrète; officiellement, il cherchait le Titanic !
La commission d’enquête de la Marine conclut finalement que, trop pressée d’envoyer en mer cette merveille de haute technologie, la Navy a commis plusieurs fautes de conception et de construction.
Tout le monde jura que cela n’arriverait plus jamais, mais 5 ans plus tard, au printemps de 1968, la tragédie frappa de nouveau…
L’USS Scorpion
Après la disparition tragique du Thresher, la Marine américaine surveillait désormais de très près tous ses sous-marins nucléaires. Aussi, lorsque l’USS Scorpion ne lança plus aucun message le 21 mai 1968, un vent de panique monta au sein du Quartier Général de la Navy…
Le Scorpion était parti pour une mission de routine en Méditerranée (pour espionner les navires soviétiques, selon le rapport officiel qui fut publié par la suite) et repartait ce jour-là vers sa base de Norfolk en Virginie. C’est alors qu’il traversait l’Atlantique Nord qu’il cessa tout à coup d’émettre.
Il était attendu ce jour à 13 h 00 à Norfolk au terme de sa mission en mer, et aucun message de détresse n’avait été lancé par son équipage. Tout allait bien, mais il fallait pourtant se résoudre à l’évidence: il s’était passé quelque chose de grave…
Les autorités militaires de la Navy lancèrent immédiatement des recherches en haute mer. Des dizaines de bateaux, de sous-marins et d’avions sillonnèrent la zone d’où il avait envoyé son dernier appel radio, mais ces fouilles méthodiques ne donnèrent aucun résultat. On décida alors d’élargir la zone de recherche, mais là encore les investigations restèrent infructueuses.
A 1300 km à l’est des Açores, un avion aperçut une tache d’huile (comme il y en a beaucoup sur l’Atlantique) à laquelle personne ne prêta d’importance, mais découvrit aussi un « mystérieux objet orange » qui resta malheureusement introuvable pour les navires qui se lancèrent à sa recherche.
Le Scorpion, avec un équipage de 99 hommes et un armement ultra-moderne et super-puissant, s’était littéralement volatilisé dans l’immensité de l’océan Atlantique…!
Au bout de 10 jours, la Marine annonça que le Scorpion était porté disparu et que tous les hommes à bord étaient vraisemblablement morts.
Ce n’est que des mois après la cérémonie à la mémoire des disparus que l’on découvrit enfin ce qu’il restait du submersible. La Marine annonça alors que rien n’établissait que le sous-marin fut victime d’un quelconque acte d’hostilité (sous-entendu de la part des Soviétiques, car nous étions toujours en pleine « Guerre froide »), mais refusa d’en dire davantage. Quelles que fussent ses conclusions quant aux causes de l’accident, elles étaient classées « Secret Défense ».
C’est grâce à un immense réseau de microphones sous-marins installés, dès les années 60, dans tous les océans du monde, afin de détecter les mouvements de la flotte soviétique et les essais nucléaires, que les restes du Scorpion ont pu être localisés.
Grâce à ces hydrophones, une explosion sous-marine inexpliquée a été découverte par une équipe de spécialistes installée aux îles Canaries, au large de la Mauritanie, en Afrique, sous la direction de John Craven, un scientifique de la Marine.
Cet enregistrement montrait un pic qui était peut-être lié au Scorpion, puis un silence de 91 secondes suivi d’une série d’environ 17 pics pouvant correspondre à l’implosion des différents compartiments du sous-marin, mais ces informations étaient insuffisantes pour conclure quoi que ce soit. C’est lorsqu’on découvrit le même type de tracé sur les enregistrements de deux hydrophones installés au large de Terre-Neuve, à 300 milles de là, qu’il devint possible, par triangulation, de localiser le lieu de l’explosion. L’épicentre se situait près des Açores.
Mais s’il s’agissait bien du Scorpion, cela faisait un mystère de plus à élucider…!
En effet, on pensait que le sous-marin se dirigeait de la Méditerranée vers Norfolk; or, à la grande surprise de tout le monde, les explosions enregistrées par les hydrophones s’éloignaient de Norfolk… comme si le sous-marin avait fait demi-tour et repartait vers la Méditerranée!
Le Scorpion avait-il rebroussé chemin, et si oui, pourquoi ?
Pour tenter d’en savoir plus, on envoya le bathyscaphe Trieste sur les lieux supposés du naufrage, et celui-ci, après de longues recherches, finit effectivement par retrouver l’épave du Scorpion échouée dans les eaux profondes de l’Atlantique par 3000 m de fond…
Le sous-marin nucléaire USS Scorpion
- L’USS Scorpion retrouvé