
interet-general.info
Note adm:
Le 16/02/2013 à : 21h35.
Nous remercions Caroline auteur de cet article bien argumenté, consistant.
Article source:interet-general.info
28 DÉCEMBRE 2010, par Caroline DEPECKER
Couvrant près des trois quarts de la surface terrestre, les océans renferment la majorité des endroits inexplorés de notre planète : 95 % du volume d’eau n’aurait pas encore été sondé et 99 % du fond océanique demeurerait inconnu. Si l’immensité de ce qui reste à découvrir donne le vertige, la mer a déjà livré bien des trésors. Les sources hydrothermales, les coraux d’eaux froides ou les monts sous-marins émerveillent les biologistes par la vie qu’ils recèlent. Les nodules polymétalliques, concrétions rocheuses riches en minerais reposant sur le lit océanique, font vibrer le cœur des géologues mais aussi des compagnies minières. Si, dans un premier temps, l’exploration océanographique répondait aux passions des chercheurs, elle satisfait aussi aujourd’hui les exigences de développement de notre société moderne. La biodiversité et les ressources minérales recensées en pleine mer ou dans les fonds marins se révélant parfois tout à fait intéressantes pour le secteur pharmaceutique, énergétique ou halieutique.
Le Census of Marine Life (CoML) s’est achevé en octobre 2010. Ce vaste programme océanographique international a réuni pendant dix ans plus de 2700 chercheurs autour d’une seule idée : recenser la vie marine, sa biodiversité et son abondance. Plus de 540 expéditions ont été ainsi dépêchées dans toutes les mers du globe. Elles ont permis de découvrir 6000 nouvelles espèces marines qui sont venues s’additionner aux 230000 déjà inventoriées. Mais c’est peut-être le quart de ce que recéleraient réellement les océans. Notamment dans le domaine pélagique. « Cet entre-deux-eaux, qui s’étend depuis la surface jusqu’aux fonds marins est certainement l’endroit le plus mal connu de l’espace océanique, commente Patricio Bernal, ancien secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale. C’est aussi le plus difficile à observer. » L’approche de ce milieu relève encore avant tout de l’échantillonnage, grâce à des filets posés à diverses profondeurs et dont les prises permettent des estimations grossières des abondances animales. « Certains animaux s’échantillonnent particulièrement mal, explique le spécialiste. Les calamars sont par exemple très difficiles à trouver et impossible à taguer. Les contenus stomacaux de baleines en Antarctique nous montrent qu’elles mangent des calamars adultes de bonne taille, donc âgés, mais si nous posons nos filets, nous ne remontons que des juvéniles. Comment estimer la population de l’espèce dans ce cas-là ? » Le plancton, premier maillon de la chaîne alimentaire marine, explose dans les 200 à 300 premiers mètres de la colonne d’eau. C’est là naturellement que se concentre l’essentiel des ressources halieutiques, bien documentées. En dessous, le grand froid et l’obscurité règnent.
Un calamar
Pourtant, à certains endroits, le hasard permet de découvrir un foisonnement de vies. Ainsi en 2004, dans le cadre du CoML, des chercheurs norvégiens ont identifié pour la première fois une zone située entre 1500 et 2300 mètres de profondeur renfermant de nombreux petits poissons, crustacés, méduses et autres organismes planctoniques. Ils ont été détectés par méthode acoustique. « Les poissons ont une vessie natatoire qui leur permet des mouvements verticaux dans l’eau, explique Odd Askel, responsable de la campagne MAR-ECO. Si elle est remplie de gaz, elle renvoie facilement les ondes sonores émises par notre bateau et nous permet de localiser les animaux. Or à ces profondeurs, ce n’est pas aussi évident. Ce fut donc une bonne surprise d’identifier les signaux de ces espèces et pour nous une preuve tangible de l’amélioration de nos techniques. » La conquête des océans, comme celle de l’espace, doit beaucoup à l’amélioration des engins d’exploration. Il existe actuellement une dizaine de robots téléguidés capables d’arpenter les fonds marins (au-delà de 6000 mètres pour certains), d’effectuer des prélèvements ou de réaliser des expériences. Les robots autonomes peuvent quant à eux parcourir des dizaines de kilomètres pour cartographier et filmer des endroits inaccessibles. Mais rien ne remplace le spectacle de ces lieux insolites derrière le hublot d’un sous-marin.
« C’est toujours un moment d’intenses émotions que de découvrir une source hydrothermale, se souvient Virginie Tilot, experte océanographe sur les grands fonds pour l’Unesco. Les crevettes aveugles, galathées yétis (ndlr : petits crabes blancs et poilus) et autres vers tubicoles géants qui les peuplent ressemblent à des fossiles vivants nous projetant 180 millions d’années dans le passé. Ils dépendent tous des gaz riches en hydrogènes sulfurés ou en méthane émis par les fumeurs abyssaux. » Les chercheurs ont recensé une soixantaine de sources hydrothermales dans leurs bases de données actuelles, il pourrait en exister plusieurs milliers. Un nouveau site de ce genre vient d’être identifié cet été par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), au large des îles Wallis et Futuna, dans le Pacifique Sud. En cartographiant avec précision 35000 km2 de fonds marins tourmentés, les chercheurs ont découvert encore un très large volcan actif, le Kulolasi, ainsi qu’une nouvelle zone de fracture de la croûte océanique, elle aussi active. « Nos cartographies antérieures ne présageaient pas de telles découvertes, précise Pierre Cochonat, directeur adjoint de la recherche à l’institut français. Les régions voisines présentaient certes des traces de dorsales (ndlr : frontière entre deux plaques tectoniques,) mais nous n’avions pas de donnée sur cette nouvelle zone. » Les biologistes ont défini dix grandes provinces où les écosystèmes hydrothermaux, bien que différents, présentent certaines similitudes. « Nous pensons que celles-ci sont dues à la possible diffusion des espèces entre les océans à un moment donné, commente Sophie Arnaud, de l’Ifremer. Le lieu de passage a pu se situer quelque part au fond de l’océan Indien… » Pour tester cette hypothèse, il faut aller prélever des échantillons des communautés abyssales qui s’y trouvent ; la direction est donnée.
Caroline DEPECKER
6 mars 2011 [retour au début des forums]
Madame Depecker,
J’ai pris beaucoup d’intérêt à la lecture de vos articles parus dans Le Temps.ch sur les océans ou les capacités d’orientation des tortues.
En tant que responsable de la Commission Environnement du club de plongée de Plan les Ouates, j’organise régulièrement des conférences pour les Membres du Club.
Vous pouvez prendre connaissance de nos activités sur le site suivant :www.plongeplo.ch, Rubrique Environnement, Section : Conférences
J’aimerais savoir si vous êtes parfois de passage à Genève.
Auquel cas, accepteriez-vous de donner une Conférence sur un ou plusieurs des sujets que vous avez traité dans Le temps ?
Je vous remercie d’avance du suivi que vous voudrez bien donner à ce message.
Avec mes cordiales salutations.
Chantal Wiaux-Zamar
e-mail : wiauxz@bluewin.ch
Tel. Mob. + 41 78 7376893