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Nous allons explorer ici quelques aspects étranges de la mer. Immense, inaccessible et obscure, elle est la dernière frontière : une porte ouverte sur des mystères que la science ne peut expliquer… Einstein affirmait que « L’imagination est plus importante que le savoir ». Quelles meilleures sources pour l’imaginaire que les océans qui furent notre berceau ?
Découvrons donc histoires et légendes, l’esprit ouvert, sans excès de scepticisme ou de naïveté. Qu’il s’agisse de monstres marins, de fantômes ou d’extraterrestres, de civilisations englouties, de phénomènes paranormaux, de météores ou de déluges, n’oublions pas que les mythes accompagnent la marche du progrès. Parfois, les réalités qu’ils évoquent dépassent largement la fiction…

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par Hugo Verlomme
Quoi de neuf depuis le Triangle des Bermudes ? Voilà ce qu’on pourrait se demander en matière d’étrangeté marine. En effet, si notre imaginaire terrien et contemporain pullule de créatures légendaires et de civilisations mythiques, la mythologie de l’espace océanique (occupant pourtant les deux-tiers du globe) semble en revanche pauvre et bien peu renouvelée. Pendant des siècles, l’Atlantide décrite par Platon a occupé le devant de la scène marine, retenant l’attention des chercheurs, des historiens, des scientifiques et donnant lieu à des myriades d’ouvrages… Mais au 20e siècle, c’est un mythe d’un genre nouveau, celui du Triangle des Bermudes, qui a tenu la vedette, non sans références à l’Atlantide.
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Le triangle des Bermudes .Illustration de Sander Pouw
Au départ, c’est une série de disparitions spectaculaires et inexpliquées, impliquant de nombreux navires et avions, qui marque le grand public, avec en particulier le « Vol 19 » : le 5 décembre 1945, cinq chasseurs bombardiers américains disparaissent de façon inexplicable dans cette zone de l’Atlantique, de même que l’hydravion envoyé à leur rescousse ; au total, 27 hommes sont perdus. Bien d’autres bâtiments suivront au fil des ans : navires de guerre, cargos, avions de ligne… Dès les années 1960, on évoque d’extraordinaires perturbations magnétiques ainsi que la présence d’OVNIs dans cette zone de l’Atlantique Nord délimitée par un triangle dont les pointes sont Puerto Rico, les Bermudes et Miami. Tous ces événements inspirent de nombreuses hypothèses, scientifiques ou farfelues, étayées par de très sérieux rapports, dont certains émanant des militaires.
Le terme Triangle des Bermudes est utilisé pour la première fois en 1964 par le journaliste Vincent Gaddis. Cette théorie donne lieu à quantité d’articles, de livres, de films, d’émissions, de séries télé, contribuant à la populariser au point de l’ériger en grand mythe moderne, l’un des rares liés à la mer. La fascination pour le Triangle des Bermudes culmine en 1974 avec la publication de nombreux livres, dont les best-sellers controversés de Charles Berlitz. Diverses théories ont été avancées afin d’expliquer la disparition de navires de commerce ou d’avions de l’armée dans le Triangle, mais on a aussi parlé d’enlèvements par des « entités », de bases sous-marines extraterrestres, et le fait est que de nombreuses observations d’UFOs ont eu lieu dans cette zone.
Au fur et à mesure que les moyens d’observation évoluent, de nouvelles explications voient le jour. On parle alors de tourbillons, de « trous » dans l’océan, de perturbations magnétiques dues à des cristaux atlantes ou de dissociation de la matière par effet de résonance acoustique. La théorie scientifique qui prédomine aujourd’hui est celle des bulles géantes : à plus de 500 mètres et fond et par des températures inférieures à 5°, l’hydrate de méthane reste stable, mais en cas de séisme ou d’éruption volcanique, de vastes quantités de gaz sont relâchées, qui remontent en surface, créant des bouillonnements et des bulles suffisamment grandes pour engloutir un supertanker. Mais ce n’est pas tout, car ce gaz plus léger que l’air continue son ascension dans le ciel, pouvant ainsi provoquer l’explosion d’un moteur d’avion en vol. Ce qui expliquerait du même coup les énigmatiques disparitions d’avions. Aujourd’hui encore, le Triangle des Bermudes passionne : il fait partie des articles les plus consultés dans l’encyclopédie électronique Wikipédia.
Le Projet Blue Book
Ce mythe moderne a attiré l’attention sur une possible présence extraterrestre dans l’océan qui constituerait, si ce n’est un passage, du moins la meilleure cachette du monde. À de multiples reprises, des vaisseaux lumineux y sont observés, évoluant indifféremment dans le ciel ou sous l’eau. Pour étayer ces hypothèses, on dispose en outre des rapports de l’armée américaine. En effet, suite à l’attaque-surprise de Pearl Harbour dans le Pacifique par l’aviation japonaise le 7 décembre 1941, le Pentagone avait donné des instructions aux officiers de la marine (militaire et marchande) ainsi qu’aux pilotes d’avions, pour mieux repérer d’éventuels aéronefs ennemis ou des fusées traversant la voûte céleste, de jour comme de nuit. Conséquence inattendue : de nombreuses observations d’OVNIs ont été consignées, au point qu’une commission fut chargée par l’armée d’étudier le phénomène OVNI : le Projet Blue Book (Livre Bleu). Entre 1952 et 1969, cette commission étudia 12 618 cas d’observations et finit par admettre qu’il n’y avait aucune explication connue pour 701 d’entre elles. Une bonne partie de ces rencontres avec des OVNIs se sont déroulées en mer.
Depuis, le phénomène des OVNIS sur l’océan est devenu si important qu’il a presque éclipsé le bon vieux Triangle des Bermudes ; il a même fallu créer une nouvelle dénomination pour ces soucoupes jaillissant de l’océan ou y plongeant directement : un « USO » (Unidentified Submerged Object, ou objet submergé non identifié). Voilà peut-être l’un des nouveaux mythes du XXIe siècle ; et pourtant les premières observations ne datent pas d’hier…
Christophe Colomb et les premiers USOs.

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Ces lumières qui précèdent de peu la découverte de « l’Amérique », ont fait couler beaucoup d’encre. L’anecdote a donné lieu à de multiples interprétations avant d’être reprise par bien des spécialistes des OVNIs. Depuis, quantité d’objets volants non identifiés ont été observés au-dessus de l’océan. Au XIXe siècle, trois observations fameuses enracinèrent un peu plus dans les consciences l’idée d’un lien entre ces objets célestes et l’océan :
– Le 18 juin 1845, selon le quotidien maltais Malta Times, l’équipage de la brigantine Victoria a pu voir « trois objets lumineux jaillissant de la mer vers le ciel. Ils sont restés visibles pendant une dizaine de minutes, volant à un demi-mille du navire ». Chaque objet a été décrit comme étant plus gros et aussi brillant que la pleine lune.
– Le 22 mars 1870, alors que la corvette anglaise Lady of the Lake navigue dans les eaux équatoriales de l’Atlantique, les marins observent la progression d’un objet lumineux de forme lenticulaire au-dessus de l’horizon et contre le vent, comme cela est consigné dans le journal de bord du capitaine F.W. Banner : « C’était comme un nuage de forme circulaire, incluant un demi-cercle divisé en quatre, l’axe de division central débutant au centre pour se prolonger loin à l’extérieur et se courbant vers l’arrière. La chose a voyagé d’un point situé à 20 degrés au-dessus de l’horizon, vers un point à environ 80 degrés au-dessus. Elle s’est alors installée au Nord-Est après être apparue au Sud, Sud-Est. Elle affrontait un vent oblique et s’est finalement installée dans l’œil du vent. Pendant une demi-heure cette forme est restée visible, puis a finalement disparu. »
– Le 24 mai 1881 à quatre heures du matin, au large de l’Australie, il s’agit cette fois du roi d’Angleterre George V et de son frère, le prince Albert Victor, à bord du HMS Bacchante, qui relatent : « Nous avons vu des yeux phosphorescents qui semblaient dériver à la surface certaines nuits noires, et lors d’une occasion, nous vîmes l’eau se mettre à bouillir et bouillonner, tandis qu’une chose comme une grande roue s’éleva, avant de tournoyer dans les airs… »
Fantasmes ou réalités ?
Difficile de faire la part du fantasme et du réel, mais toujours est-il qu’on dénombre des milliers d’observations d’USOs au cours du XXe siècle. Ainsi en mars 1963, un incident signalé au CINCLANT (commandement en chef américain de la flotte Atlantique) rapporte que plusieurs sous-marins en exercice auraient observé un objet se déplaçant à plus de 150 nœuds à une profondeur de 6 500 mètres !
L’un des incidents les plus fameux concernant les USOs est sans doute celui qui se déroula le 4 octobre 1967 à Shag Harbour, port canadien de Terre-Neuve. C’est en effet l’un des cas les mieux répertoriés, avec de nombreux témoins oculaires, dont des policiers, des militaires, des plongeurs et des rapports officiels relayés par la presse, le tout ayant fait l’objet d’un livre très documenté, écrit par l’un des témoins, alors âgé de 12 ans (Dark Object, Chris Styles). Ce soir-là, de nombreux passants voient un objet descendre du ciel, se poser sur l’eau, puis s’abîmer en mer. Croyant qu’il s’agissait d’un accident d’avion, les secours, la police et l’armée, sont alertés, des recherches sont entreprises. Mais rapidement, de nombreux témoignages affirment qu’il ne s’agissait pas d’un vaisseau de cette planète et des policiers canadiens ont certifié avoir vu l’objet se déplacer sous l’eau à vive allure en laissant derrière lui un sillage bien visible. Ensuite, un deuxième objet similaire est aperçu à son tour, qui semble à la recherche du premier. Plus tard, les deux objets auraient été vus jaillissant de l’eau vers le ciel dans le Golfe du Maine.
Un cas similaire s’est produit dans le fjord norvégien de Sognefjord, le 11 novembre 1972. Là aussi, une flotte de navires et d’hélicoptères s’est lancée à la poursuite d’un étrange vaisseau venu du ciel et ayant continué sa route sous l’eau. Le 20 novembre, il est vu à nouveau jaillissant des eaux noires, mais on ouvre le feu sur lui et l’USO disparaît une dernière fois dans les flots. Certaines observations d’USOs font part d’une capacité de ces vaisseaux à se diviser en plusieurs unités au moment de sonder ou de décoller. Un rapport de la marine argentine en 1960 sur l’observation de deux USOs se divisant en plusieurs entités à 650 milles au large de Buenos Aires, fit même assez de bruit pour que Kroutchev, alors premier secrétaire de l’URSS, envoie un émissaire sur place.
Un endroit est aujourd’hui étiqueté comme un haut-lieu d’apparition des USOs : l’île de Puerto Rico, aux Caraïbes, et notamment la Route 303, théâtre d’un tel nombre d’observations qu’on l’appelle aujourd’hui « The Extraterrestrial Highway » (La Nationale extraterrestre). Ainsi le 8 octobre 2002 l’officier de police Carlos Torres et un résident ont vu un objet lumineux jaillir hors de l’eau, voler dans le ciel, puis retourner sous l’eau. Des rumeurs folles circulent : on parle d’une base extraterrestre, installée dans d’immenses cavernes sous-marines en eaux profondes, au large de Cabo Rojo. À moins qu’il ne s’agisse d’expériences menées par une fameuse base sous-marine de l’armée américaine ?
En janvier 2005, peu de temps après le tsunami, le journal India Daily publiait un article faisant état d’observations d’USOs dans les îles Nicobar, Andaman, Maldives, Sri Lanka et sur les rivages d’Inde, peu de temps avant la catastrophe. Mais quel pourrait être le lien ? Là encore, l’article évoque des bases sous-marines, des expériences menées directement sur la tectonique des plaques par des « entités », qu’elles soient militaires ou extraterrestres, qui auraient déclenché le raz-de-marée…
Stargate ou trous de vers ?
Mais l’histoire la plus passionnante — voire prometteuse — nous vient d’un chercheur allemand, titulaire d’un doctorat d’histoire et de sociologie à l’Université de Cologne, et plongeur à ses heures. En mission aux Bahamas, Michael Preisinger a décidé de monter des expéditions de plongée sur des lieux où de nombreux marins se plaignaient de voir leurs compas s’emballer. Les relevés opérés sous l’eau ont rapidement confirmé d’importantes déviations magnétiques. Dans un premier temps, le professeur Preisinger s’est demandé si cela pouvait avoir un rapport avec cette base de recherche marine et sous-marine de l’armée américaine située non loin, sur l’île Andros, l’AUTEC (Atlantic Undersea Test and Evaluation Center, Centre d’évaluations et de tests sous-marins pour l’Atlantique). Un lieu qui enflamme les imaginations, on y testerait des armes sous-marines, on s’y livrerait à de très secrètes expériences acoustiques, voire à des recherches sur les USOs…
Mais quelle n’a pas été la surprise du chercheur lorsque, ayant transmis ses données à des physiciens de haut niveau, il lui fut expliqué à plusieurs reprises que ces perturbations n’étaient pas sans rappeler celles provoquées par la présence de « trous de ver », des phénomènes spatio-temporels déjà décrits par Einstein ! Un trou de ver est un raccourci dans l’espace-temps entre deux dimensions. Pressentis par Einstein et Rosen, puis définis par John Wheeler en 1956, ces « wormholes » (ou « ponts d’Einstein-Rosen ») seraient de la « matière virtuelle » : éphémères « tunnels de transit », véritables portes entrouvertes vers d’autres univers.

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Les perturbations relevées dans les eaux des Bahamas correspondraient-elles à la brève apparition d’un « trou de ver sous-marin » permettant d’accéder à d’autres mondes ?
Voilà une piste de recherche qui confirme, une fois de plus, le lien étroit entre l’espace et l’océan. Beaucoup d’explorateurs, de scientifiques, soulignent en effet qu’un tel lien existe entre les profondeurs marines et l’espace intersidéral. Dans l’imaginaire aussi, les abysses finissent par rejoindre la Voie Lactée, faisant de l’océan un sas, un portail donnant accès à une autre dimension, véritable Stargate de la mer, qui pourrait devenir pour nous un accès original à l’espace.

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L’air et l’eau sont deux fluides et deux territoires à conquérir. Illustration de Sander Pouw